Il est 8h20, nous arrivons sur les lieux, nerveuses et impatientes. On retire nos dossards, bonnet, puce et cartons numérotés.
On rentre dans le parking, on est tout de suite surprise par les arbitres à l’entrée qui nous inspectent: vérification des tatouages, des casques de vélo, des puces… Je me rends vite compte que ce n’est pas la même ambiance que sur l’épreuve XS de la veille…
On s’installe, les femmes sont toutes regroupées, en même temps on est que 52 pour 220 hommes ! On prépare tranquillement nos affaires :
- petite serviette posée au sol pour poser et sécher les pieds
- bouteille d’eau si besoin entre les transitions
- casque sur le guidon avec le porte-dossard pour ne pas les oublier
- quelques baies de goji pour se motiver avant la nage
- les chaussures de running avec les lacets desserrés avec chaque chaussette dedans
- tube de vaseline (oui oui oui !) pour que la combi s’enlève plus rapidement (à appliquer au niveau du cou, des poignets et des genoux)
J’enfile ma combinaison en faisant attention à ce qu’il n’y ait pas de plis avec ma trifonction en dessous, le bonnet, les lunettes. Pas de montre (le meilleur conseil que je peux vous donner pour votre premier, c’est beaucoup mieux de le faire aux sensations sans pression de chrono !)
On est prêtes, briefing de départ les règles sont strictes : pas de drafting (7m d’écart entre les vélos), pas le droit de franchir la ligne d’arrivée accompagné, le dossard derrière pour le vélo et devant pour le run (acheter un porte-dossard, ça coûte que 5€ et c’est bien pratique !), pas d’écouteur, pas d’aide extérieur, on sera seule pour ce challenge !
On quitte le parking pour une marche jusqu’au départ dans l’eau, les femmes partent 5min avant les hommes. On a le temps d’entrer dans l’eau de s’habituer à la température. On avance jusqu’à la première ligne, la pression monte. Il nous font avancer jusqu’à la ligne de départ et là le coup de feu est donné, j’ai la tête sous l’eau je n’entends rien. Je relève la tête avec l’idée d’aller jusqu’à cette deuxième ligne mais je comprends vite que le départ a déjà été donné, ça bourrine autour de moi, les nanas sont lancées !
Je me lance à toute vitesse pour rattraper mon retard, j’aurais aimé partir dans de meilleures conditions. Je fais 200m, j’ai le coeur qui bat à fond, je vois strictement rien je me dis que je ne peux pas continuer comme ça. J’essaye de me calmer, je ralentis mon battement de jambes et je passe à une respiration tous les 2 mouvements histoire de récupérer mon souffle. Ca fonctionne, je repasse à 3 respirations, je suis bien. Je commence à doubler des filles en galère qui sont parties trop rapidement, ça me fait du bien au moral. par contre je galère à m’orienter, j’essaye de lever la tête régulièrement pour voir où je suis mais j’arrive pas à doser, un coup je vais trop à gauche, un coup je vais trop à droite. Je loupe un virage (coucou le kayak !), bref je me rajoute des mètres pour rien mais curieusement je m’éclate !
Je vois les kayaks qui signalent l’arrivée, j’en reviens pas c’est déjà fini ? Je me concentre sur mes jambes pour les deniers mètres, j’essaye de bien les échauffer pour anticiper la transition. J’arrive à l’échelle, je grimpe tout va bien, je cours dans l’herbe j’arrive même à enlever le haut de ma combinaison #victoire !
Résultat 750m en 15min09
J’arrive à mon vélo, la combinaison s’enlève sans trop de mal. Je prends le temps de mettre mes chaussettes, tout en discutant avec le speaker. J’avoue ne pas me rappeler de cette transition, j’ai agis machinalement sans trop réfléchir, je me souviens juste de Manon qui arrive et me dit :
« C’est bon je suis là! »
Je suis rassurée, je peux enfiler mon dossard, mon casque et m’élancer sur la partie vélo !
T1 : 1min34
Départ pour le vélo, une fille devant moi s’agace elle n’arrive pas à enclencher ses pédales automatiques. Je me dis que j’ai peut-être fait le bon choix finalement. Je me lance sur la première montée, tout va bien les jambes répondent bien. Je sais qu’une deuxième côte suit et qu’il faut prendre de l’élan dans la descente. Je fais la technique de l’autruche, je regarde mes mains et la route qui défile sous mes roues. Je ne veux pas savoir où j’en suis dans la montée, je ne relèverai la tête que quand j’aurais fini. Ca passe. Les hommes commencent à me rattraper en groupe, c’est motivant et beau de les voir rouler à cette allure. Une fille est dans le groupe, je change de vitesse, je suis assez échauffée je peux maintenant attaquer, elle sera mon repère faut pas que je la lâche.
Bien sûr le drafting est interdit donc je prends soin de conserver mes distances très compliqué surtout quand on arrête pas de se doubler… Mais c’est intéressant de voir qu’on n’accélère pas forcément aux mêmes endroits. On dépasse une autre femme dans la montée, le parcours devient plus technique avec pas mal de virages. Je me rends compte que je dois vraiment améliorer ma technique, j’ai tendance à oublier de freiner du coup je le fais au dernier moment et c’est plus compliqué de relancer en suite.
Viens la dernière montée que j’appréhendais, je décide cette fois de passer en danseuse, j’ai le rythme cardiaque qui s’accélère énormément, j’essaye de me calmer et de me concentrer sur ma respiration pour oublier le reste. Je me rapproche finalement de ma camarade de jeu, ça me motive, il ne faut pas que je me rassois, je garde le rythme et j’arrive à la dépasser. Je suis fière de cette toute petite victoire, surtout que je sais qu’elle ralenti plus que moi en descente, je me laisse donc aller dans la pente c’est ma récompense ! Le plus dur est fait, maintenant je savoure la fin du parcours, je prends soin de bien boire (ce que j’ai fait tout du long par petites gorgées) et je prépare ma transition.
Résultat 21km en 45’38
J’arrive dans le parking en courant avec le vélo, on annonce mon nom et prénom, je vois mes proches ça me motive je sais qu’ils sont fiers. Je dépose mon casque, je tourne mon dossard et… C’est tout ! Me voilà repartie !
T2 : 34s soit le 4ème meilleur temps de transition !
Et enfin la course à pied, avec une transition rapide les jambes ont pas vraiment compris ce qui leur arrivaient… J’ai donc joué la carte de la prudence, je me suis calée dans le rythme d’une nana devant moi (qui avait l’air d’avoir plus d’expérience!) en attendant que les bonnes sensations reviennent. Passé le 2ème km, pas de courbature à l’horizon je me suis dit qu’il était temps d’accélérer et là… surprise ! On arrive dans les bois sur un parcours de cross ! Impossible d’accélérer, j’essaye de garder le rythme. On reste en groupe, c’est motivant, je croise Manon qui arrive dans l’autre sens, j’ai la pêche je saute comme une andouille pour qu’elle me voit.
Je lui ai crié que c’était une gagnante, une sacré machine, on s’est tapé dans la main. L’arbitre nous a regardé bizarrement je lui ai expliqué que c’était notre premier triathlon… Dans ma tête tout s’affole, je suis tellement rassurée de savoir qu’elle a fait le plus dur qu’il ne lui reste plus que quelques kilomètres, j’ai confiance en elle je sais qu’elle va le finir. Du coup j’accélère, j’ai envie de rejoindre cette ligne d’arrivée, de retrouver ma famille qui m’attend. Je double des hommes ils doivent se demander ce qui me prend, d’où me vient cette nouvelle énergie. J’ai le sourire, je me sens pousser des ailes, j’entends ma famille crier mon prénom, j’entends le speaker annoncé mon arrivée.
Je ne regarde même pas mon chrono, j’ai l’émotion qui me gagne mais je retiens tout, je ne pourrai pas me réjouir de cette victoire tant que Manon n’aura pas passé la ligne d’arrivée. J’ai envie de faire demi-tour pour la rejoindre mais les consignes sont claires : on doit passer la ligne d’arrivée seul(e) sous peine d’être disqualifié.
Alors j’attends, je rumine, je sautille, je n’arrive pas à me calmer.
Et puis je la vois au loin, je reconnaitrais sa démarche entre 1000, j’en suis sûre c’est elle. Alors je crie
« Elle arrive, elle est là, elle l’a fait putain ! »
je bondis en avant ! Je me fais vite alpaguer par les arbitres qui ne veulent pas que j’avance mais ils comprennent vite ce qu’il se passe, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles et les yeux qui piquent. Elle franchit la ligne d’arrivée, je ne lui laisse pas le temps de récupérer que je lui saute dessus. Toute la pression retombe, toute l’endorphine s’active. On s’effondre littéralement dans les bras l’une de l’autre. Impossible de s’arrêter, c’est fini, on l’a fait, on est des triathlètes.
Résultat 5km en 26min33
Total 1:29:29
Lorena Rdi
Run 👟 Swim 🏊 Bike
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2 commentaires sur “C’est fini, on l’a fait on est des triathlètes”