Natation 1 900m en mer
Il est 6h50, le ciel s’enflamme peu à peu. La mer paraît bien agitée, elle doit savoir que 2 400 athlètes s’apprêtent à l’affronter.
On se divise chacun dans nos SAS, j’écoute la petite voix d’Edouard qui résonne dans ma tête:
« Ne te sous-estimes pas, vas dans le SAS plus rapide que ce que tu vises »
Je me range dans le 43-44 en dévisageant tous ceux qui m’entourent. Pas beaucoup de femmes et avec les combinaisons j’ai l’impression d’avoir à faire qu’à des armoires à glace. Ne pas se sous-évaluer, je vise 45min donc je suis presque à ma place. Je reconnais un ami dans le SAS juste devant, quelle joie de le retrouver ici. On se dit qu’on est quand même à une drôle de soirée. Le départ est donné pour les pros qui s’élancent sans combinaison, dans 10min les premiers amateurs s’élanceront. Et bientôt mon tour. Enfin c’est ce que je croyais…
Si il y a un point négatif sur ma course c’est celui-ci : le départ.
Une fois que les premiers amateurs se sont élancés, les SAS se rassemblent et se retrouvent divisés en 2 colonnes. Dans un élan d’excitation je me retrouve donc avec Adrien et tous les costauds de son SAS 41-42min. Sauf que l’on se retrouve à vivre la scène que l’on vit tous les lundis soirs au Monoprix : la file d’attente qui n’avance pas ! C’est donc impuissant que l’on découvre peu à peu que ceux de droite prennent le départ mais que de notre côté rien ne bouge. Au départ on n’y fait pas vraiment attention, mais plus les minutes passent plus on s’impatiente.
Je meurs de soif, la nana devant moi n’arrive même plus à cracher dans ces lunettes tellement sa bouche est sèche.
Ce qui devait arriver, arriva, les premiers pros sortent de l’eau suivis rapidement des premiers amateurs et nous 45min après nous sommes toujours là.
On essaye de pas trop y penser, jusqu’à ce que je me retourne et découvre que tous ceux des sas derrières nous sont en fait allez dans cette file de droite :
Il n’y a plus que 10 personnes derrière moi !
A ce moment dans ma tête c’est la panique, je ne veux surtout pas partir dernière sinon je risque bien de faire ma course seule ! Sans parler du fait que nous aurons très très chaud sur la Promenade. Ni une ni deux, j’essaye de passer à droite me faufiler, sauf que je ne suis pas la seule dans ce cas, tous les derniers SAS sont déjà partis et aucun de nous ne veut partir dernier. Tout le monde râle et personne ne comprend ce qu’il s’est passé, on essaye tous de se faufiler. Au final j’arrive à gagner à peu près 30-40 places et je me retrouve à prendre le départ dans les 50 derniers. J’attends le BIP avec impatience après plus d’une heure à attendre je n’ai qu’une envie : plonger !
L’eau est bonne, même un peu trop. Les premiers mètres sont un bonheur sans limite, la joie de partir enfin, la température si agréable et voir les poissons au fond et le soleil qui se lève rendent la scène juste magique. J’en oublie mes mésaventures et je n’ai qu’une idée en tête, rattraper les autres concurrents pour ne pas être seule sur le vélo.
Dès les premiers mètres j’attaque mais je sens que tout répond bien, la combinaison me fait flotter et soulage mon épaule encore fragile suite à ma chute. Je me cherche des cibles à doubler, ça me motive. Plus j’avance plus je sens les vagues, j’essaye de caler ma respiration en fonction de la mer. Ca ne me gêne pas de varier le nombre de respiration, je me suis entraînée pour ça. Je profite du moment, je ne suis pas gênée (moi qui ait l’habitude des mass start c’est quand même agréable de partir 4 par 4), et le soleil qui se lève rend la mer tellement belle. On arrive au bout et ça se gâte,
On se prend les vagues sur le côté, ça me donne limite le mal de mer et j’ai beaucoup de mal à m’orienter.
Tant pis je fais confiance à ceux qui sont devant et je longe le plus possible les bouées. Cette ligne droite me parait interminable, j’ai l’impression d’être remuée dans tous les sens. On arrive enfin au bout, maintenant c’est la ligne droite jusqu’à la plage. Je regarde la vue au loin, c’est magnifique, c’est encore plus beau que ce que j’imaginais. Je jette un coup d’œil au chrono et là je réalise que je suis en train de faire bien mieux que ce que je pensais ! Ca me rebooste à fond, je donne tout dans cette dernière ligne droite, j’attrape même un gros coup de chaud dans ma combinaison mais je vois que l’énergie dépensée n’est pas inutile, j’ai pour une fois le sentiment de ne pas trop zigzaguer et d’être plutôt efficace malgré les vagues.
Je me prends un coup dans les lunettes, mais elles ne bougent pas, je suis soulagée. J’essaye de m’écarter le plus possible des autres, pour ne pas prendre de risques.
Arrivent les derniers mètres, j’entends la voix du speaker, le fond devient peu à peu visible, j’ai mal aux bras et je sens des brûlures avec le sel dans mon cou, mais j’approche de la plage et ma satisfaction est immense.
Je sors de l’eau un peu étourdie, un regard à ma montre : 42min21 – 2103m
Je n’en reviens pas ! J’étais partie pour 3min de plus et en plus il parait que nous avions 200m en plus ! Le débat n’est pas là, à vrai dire je m’en tape des 200m, j’ai fait un meilleur temps même sur 1900m sans trop subir le fait que c’était en mer ! Ma joie est immense !
Je remonte jusqu’à la transition, je croise les copines Clémence et Camille, je pensais qu’elles seraient déjà parties, mais non elles sont encore là, quel bonheur de les voir.
J’arrive sur la promenade j’ai enlevé le haut de ma combinaison et je continue de trottiner et là quelle surprise, on passe sous l’arche de la ligne d’arrivée ! Je crie aux filles « quoi j’ai déjà fini ? » en rigolant, mais dans ma tête je regarde cette finish line « Toi et moi ma cocotte on va se revoir ! »
Transition 1
J’arrive à mon sac de transition, super pratique ces chaises mises à disposition, je passe en mode vélo en prenant mon premier gel, je récupère mon Canyon et là je traverse touuuuuuuute l’air de transition avec le vélo (pas cool les gars d’avoir mis les nanas (et les pros by the way !) au fond, on doit faire toute la distance à l’aller et au retour avec le vélo, bien plus facile de courir sans ! ) mais bon ce n’est qu’un détail et sur le moment je m’en contre tamponne.
Cycling 92km – 1400 D+
J’enfourche mon vélo prête à prendre ma revanche sur ce parcours (j’ai chuté en août alors que je faisais la reco’) les jambes répondent à l’appel, je pars pour 15km de plat. Je vois au loin une nana qui a la même tri fonction que moi, je la complimente sur sa tenue, elle rigole et me sort « canon ton vélo », incroyable nous avions la même tenue et le même vélo! Nous arrivons à la partie que je redoute le plus, 300D+ à base de tremplins pas longs mais bien pourcentés,
J’ai l’impression d’être à l’arrêt!
Pas le choix je mets tout à gauche et je mouline. Je relance dans les descentes, j’essaye de me mettre sur les prolongateurs le plus possible entre les bosses et surtout je m’alimente. Finalement ça passe, pas mal de plat pour récupérer et on attaque le fameux col de Vence! Les premiers km passent parfaitement, je suis surprise, j’arrive à la moitié et je me prends un gros coup de chaud, plus d’ombre et le soleil commence à bien chauffer. Heureusement il y a des ravitos j’en profite pour bien m’hydrater et m’asperger, j’ai plus l’habitude de ces températures. Les supporters nous encouragent, on arrive au bout on voit le ravito et le panneau, soulagement ! On s’échange des sourires entre participants
« Une bonne chose de faite »
Je suis contente de moi j’ai réussi à accrocher et rattraper d’autres concurrente dans la montée, je sais maintenant que m’attend la meilleure des parties : la descente ! Je suis comme une gamine, je mets tout à droite et let’s go ! Un vrai bonheur, la circulation est coupée donc la route devient un véritable terrain de jeu. Je fais gaffe dans les virages et relance sur les lignes droite, je me fais juste un peu peur avec un dos d’âne mais tout le reste passe, je ne me fais même pas doubler. Je rattrape du monde ça fait du bien et même la bosse se fait toute seule ! Ça va rattraper ma moyenne, je commence à comprendre que je peux faire moins de 4h. Retour sur le plat, le vent s’est levé j’essaye de m’accrocher les derniers km de ligne droite me paraissent interminables.
Je vois tous les gens sur le parcours du semi, j’ai hâte d’y être!
Je dépose mon vélo 3h45 soit 24,4km/h, JOOOIE !
Transition 2
La transition se fait sans encombre, je gambade à côté de mon vélo et tous mes gestes sont comme des réflexes, je prends le temps de m’asperger avec la bouteille prévue à la transition. J’enfile mes chaussures, ma casquette, je remplis mes poches de gel et gooo !
Running – 21km
Je pars pour 2 tours sur la Promenade, je check la montre 5:20/km, avec la fatigue du vélo je sais que je ne tiendrais pas cette allure, je décide de ralentir. Mon objectif : gérer ma course pour ne pas exploser, il est hors de question que je marche sur mon 1er Ironman 70.3!
Par chance je suis un mec qui court à 5:37/km, je prends bien le temps de passer sous les douches et de m’asperger au ravito, il fait très chaud… on attaque le retour de la 1ère boucle (km 5), je me dis que ça va si toute la course se passe comme ça. Je le perds à un ravito où il se met à marcher, arf. J’arrive peu à peu au niveau de la foule, je les entends crier, j’ai des frissons, je passe sous les arcades et la c’est incroyable, les copines sont là à me crier dessus, tout le monde s’y met, l’émotion monte
Je me marre et j’ai envie de pleurer en même temps
Ca me rebooste à fond je prends toute l’énergie qu’on me donne! Je finis mon 1er tour, je prends mon chouchou, dans ma tête c’est clair : je vais le finir cet Ironman 70.3!
Je croise Edouard, je lui montre mon chouchou jaune et lui crie de me retrouver à la ligne d’arrivée ! C’est incroyable comme avant la course j’ai douté de moi, j’ai imaginé plusieurs fois le pire et je redoutais de ne pas franchir cette ligne d’arrivée et pourtant une fois lancée, tous mes doutes se sont envolés, j’ai validé étape par étape les objectifs que je m’étais fixée et je n’avais qu’une idée aller jusqu’au prochain, jamais m’est venue l’idée d’abandonner ou de ne pas y arriver, je savais ce qu’il me restait à faire.
Et quand j’ai eu ce chouchou jaune autour du poignet, alors plus que jamais je savais que j’allais le finir.
Mais je trouve plus personne à mon rythme, je ramasse tous les derniers, ceux qui sont en difficulté, les voir me rappellent que c’est dur, qu’il fait très chaud et j’ai du mal à m’imposer une vitesse seule, sans personne à suivre. Faut que je m’accroche. Je me dis qu’une fois arrivée au km15 ce sera qu’une ligne droite jusqu’à la finish line avec tous les supporters autour.
Sauf que plus je me rapproche, plus je me rends compte qu’il n’y a plus personne pour encourager.
La promenade était vide, à cause de mon départ tardif la plupart des triathlètes avaient déjà fini leurs courses et leurs supporters n’étaient plus là. J’avais pourtant tellement besoin d’eux, je voulais revivre cette ambiance du 24 juin à l’Ironman de Nice.
Je voulais qu’on me gueule dessus et qu’on me dise que c’est la dernière ligne droite, qu’il faut que je serre les dents et que je m’accroche.
Alors j’ai repensé à tous vos messages d’encouragement, à vous qui avez téléchargé l’application Ironman pour suivre ma course à distance, à ma famille, à mes amis, à mes collègues. Je vous ai tous placés au bord de la route à m’encourager, je me suis rappelée vos mots qui résonnent encore dans ma tête, j’ai débranché les signaux de la douleur, de la fatigue et de la chaleur et j’ai pensé à VOUS, à toute l’énergie que vous me transmettez au quotidien et vous savez quoi ? Je me suis accrochée et j’ai mis un pied devant l’autre.
J’ai enfin vu la ligne d’arrivée, j’ai reconnu les copines. L’émotion est incroyable, tout était parfait sauf CA ! Un mec devant moi, et ma photo de finisher alors ?! Impossible de ralentir si près du but, je décide alors d’accélérer pour le dépasser mais là c’est le drame, je crampe de la jambe droite ! Mon dieu ! C’est donc en clopinant mi-sourire de satisfaction, mi-grimace de douleur que je m’embarque sur le tapis en bouclant ce semi en 2h01. Je passe l’arche (encore plus près du monsieur mais sans avoir réussi à le doubler !), l’émotion est trop forte,
Je craque putain les gars je l’ai fait, j’ai fini mon premier Ironman 70.3 en 6h42 !
Félicitations pour ta course. Hâte de finir moi aussi une belle course comme ça. Mais je débute seulement en triathlon… Etape par étape 😉 Trop dommage le mec sur la photo… Mais en même temps, tu en referas bien un autre pour finir seule sur le tapis !
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Oh merci Anne-Sophie, oui tu as raison ça me fait une belle raison de recommencer ! C’est un beau challenge de faire un half et une sacré belle expérience à vivre que je recommande vraiment, même si ça demande pas mal d’entraînements pour vraiment savourer le jour J, je suis sur que ton tour viendra également et que tu vas assurer ! En attendant si tu as besoin de conseils, n’hésite pas 🙂
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