Vous me croyez si je vous dis que j’ai plus peur de faire un 10km qu’un Ironman 70.3 ?
Ca vous parait certainement absurde, pourtant c’est lavérité. J’aime l’effort de longue distance, j’aime passer dans tous les étatsêtre dans le rouge en montée et récupérer en descente, j’aime avoir les bras en feu à la natation etfaire souffrir les cuisses sur la partie vélo, j’aime le plaisir d’un bonravito quand l’énergie commence à manquer, j’aime aller chercher loin au fondde moi pour trouver encore la force d’avancer même si les muscles me lâchentprogressivement, j’aime continuer et de savoir que j’ai le mental pour ne pasabandonner et pour ne pas marcher.
Et je déteste plus que tout le 10km où tu ne passes que par un état : celui de la souffrance.
Alors pourquoi cette phobie ?
Remontons déjà à mon premier 10km en 2013… Je débutais lacourse à pied pour progresser dans mon sport du moment : l’équitation. Jem’étais donc lancé dans le défi de faire ma première course à pied : les10km du Maine Libre que je boucle en 58min en pensant faire plus d’une heure !
Et depuis ? Et bien plus rien, j’ai déménagé plusieurs fois à Angers, Rennes puis Paris et difficile de retrouver le rythme. Je me suis alors lancée en 2017 le défi un peu fou de faire mon premier semi-marathon, mais plus la date approchait plus je me disais qu’il fallait refaire une course pour au moins m’habituer à cette pression au départ. J’ai participé en janvier au Cross Ouest France, mais rien de comparable avec les courses parisiennes, j’ai alors saisie la chance de faire les 10km de la Oldo Crystal Run, un mois avant le semi.
Les 10km de la Odlo Crystal Run 2017
En pleine prépa avec des chronos que je voyais descendre au fur et à mesure des entrainements, j’avais pour consigne de le faire « à la cool » , pas prendre de risque mais essayer d’envoyer un minimum. Et là c’est l’euphorie, je termine cette course en 50min40 bien en-dessous de ce que j’aurais pu imaginer ! Après le semi l’objectif de 2017 sera le suivant : faire un sub 50 au 10km. Je m’inscris en juin au 10km de l’équipe, une journée beaucoup trop chaude, j’explose littéralement et fini en un peu plus de 52min, bien loin de l’objectif fixé et des sensations de février !
J’abandonne alors toutes nouvelles tentatives, jusqu’en décembre, où l’idée un peu folle d’en refaire un me prend : La Corrida de Thiais.
10 km de la Corrida de Thiais 2017
Je pars à l’allure fixée les 4 premiers km, je suis vraiment bien et je fais attention à ne pas partir trop vite, mais à partir du 5ème km c’est déjà le drame. Je tiens plus l’allure, je suis dans le rouge, j’ai mal au ventre et je vois le chrono chuté, j’ai beau appuyé rien ne se passe. J’explose au 8ème km : 5 :10/km, 5 :18/km pour le 9èMe… ce qui me donne un chrono de 51min09 encore loin de l’objectif et surtout en pleine souffrance pour au final faire moins bien qu’en février !
Heureusement je fais après la saintesprint qui se passevraiment bien, alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que je suis capable de tenirla distance et de faire des meilleurs chronos sur du long que des nanas quifont 45 min au 10km ? L’expérience s’est renouvelée sur mon semi-marathonpendant le half Ironman de Nice, que j’ai l’impression d ‘avoir moins subi quemes 2 derniers 10km et que j’ai pourtant mieux réussi que certains autresparticipants qui galopent bien plus vite que moi sur 10Km.
Je sais que l’entraînement n’est pas le même pour 10km que pour un Ironman 70.3, mais sans vitesse comment je peux progresser sur du long ?
J’ai pas toute ma vie envie de valoir 2h sur les semis de mes halfs, j’ai envie de progresser. Alors je me suis inscrite un an après à la Corrida de Thiais, la boule au ventre.
10km de la Corrida de Thiais 2018
Objectif ? Eviter le plus possible de me mettre lapression, j’en ai donc parlé qu’à quelques personnes, je ne l’ai pas annoncé surinstagram et dans ma tête c’était plutôt clair « tu essayes le sub 50, etsi tu n’y arrives pas c’est pas grave tu le diras à qui tu voudras ».
Pour aller dans ce sens j’ai décidé de faire un plan d’entrainementassez court mais pas que centré sur le 10km, je me suis juste « imposée »3 séances de running par semaine avec une bonne séance de fractionné pour memettre dans le rouge. J’ai continué de nager et de faire mes entrainements vélopour justement penser à autre chose et ne pas faire de cette course la coursede l’année, car clairement dans mon ventre c’est ça qui se passe.
Finalement ma stratégie a plutôt bien fonctionné puisqueplus les jours passaient plus je medétendais et plus j’avais envie d’y être, envie d’en découdre et envie desavoir si bon dieu je les vaux c’est -50min qui paraissent tellement facilequand on regarde instagram et tellement difficile quand je vois mon historiquesur cette distance !
Arrive la veille de l’événement, soirée entre amis, pas d’alcool,un bon gigot d’agneau avec du riz, parfait. J’appréhende le manque de sommeilmais au réveil je me sens bien. J’ai ma stratégie en tête :
Restez humble les 5 premiers km pour subir le moins possible la distance (allure entre 4:50/km – 4 :55/km), si je me sens bien accélérer un chouilla les 3 suivants et TOUT lâcher sur les 2 derniers si il me reste du jus.
Le problème c’est qu’il y a énormément de vent et j’ai peur que ça me fausse mes repères, je reste vigilante, je pars à 4:51/km et je garde cette allure pour les 3 premiers km en m’obligeant à ralentir et à regarder ma montre car je n’ai clairement pas les mêmes sensations qu’à l’entraînement à 21h quand je nage le matin. Je garde le rythme pour les 3 autres km, malgré le vent qui nous joue des vilains tours. J’ai fait plus de la moitié et je me sens toujours bien, je rentre toujours dans mon objectif et je suis même parfois obligée de me ralentir pour rester en gestion.
Arrivent les 4 derniers km, je décide d’accélérer. J’ai en tête qu’à la fin je peux tout lâcher donc je m’autorise une petite accélération en passant les 7-8-9 km en 4:46 soit 5 secondes de moins, arrive le dernier km, c’est bon je lâche tout je sais que l’objectif est atteint et grâce à ma gestion je me retrouve à ne faire que doubler des gens, c’est tellement bon pour le moral que ça me donne des ailes, je finis le dernier km en 4:35/km avec cette fierté d’avoir tout donné et d’avoir fini ce foutu 10km en 48min10 et surtout en negativ split ! Soir 3min de gagner par rapport à 2017.
La revanche est prise, la phobie a presque disparu. 10km tu ne me fais plus peur et je compte bien me battre avec toi en 2019 !
Arrêtons de minimiser ce type de distance. J’entends souvent « Que 10km ? ». Un 10km c’est très exigeant, il faut beaucoup de rigueur et d’entraînements pour maîtriser cette distance et j’ai un grand respect pour ceux qui y arrivent.
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