Prendre le départ de mon deuxième Ironman 70.3, ne voulait pas forcément dire être plus sereine. Je n’avais plus l’objectif finisher en tête, mais bien celui d’améliorer mes chronos, je vous dis tout !
Natation – 1900m en mer
Vivre ce départ avec Marine a été le meilleur moyen de le vivre détendues, on a vraiment pu se préparer dans le calme, sans pression. J’ai connu beaucoup de départ de triathlon seule et c’est bien mieux d’avoir quelqu’un pour penser à autre chose.

Les musiques nous ont mises dans l’ambiance, rendant cette mise à l’eau magique. Je ne refais pas la même erreur qu’à Nice (voir le compte-rendu) il est hors de question que je parte dans les 50 derniers, surtout que maintenant que j’ai rejoint un club de triathlon je suis censée avoir progressé. On laisse les premiers SAS partir et on se positionne juste avant le SAS 40min. Je suis rassurée, je vais partir avec des gens de mon niveau et je ne serai pas seule sur la course à pied. Le fameux bip retentit. On s’élance, la mer est froide mais je savais à quoi m’attendre, on a pu nager vendredi.
Je suis surprise que malgré le Rolling start ce soit autant la bagarre.
J’ai le réflexe de suivre des bonnets roses (des femmes) en me disant que ce sera moins violent, que nenni ! Certaines sont déjà en mode compet et voir un bonnet rose se rapprocher rend leurs bras treeeeees lourds. Tant pis, je rentre dans le tas, j’essaye de moins sortir la tête et de choisir le bon moment et le bon côté pour sortir la tête de l’eau et respirer.
Entre tous ces bras en l’air et ces remous, j’arrive quand même à voir la côte avec la lumière du soleil qui se lève, wouho.

Premier virage, l’espace est très serré. On se retrouve les uns sur les uns, dans ces moments là il y a ceux qui paniquent en faisant de la brasse, ceux qui respectent les autres arrêtant un peu de battre des pieds et puis il y a les autres qui ont décidé que c’était le moment de bouriner pour gratter des places. J’essaye d’éviter ces derniers et de faire en sorte que ça dure le moins longtemps possible. On arrive sur la première ligne droite, on se prend d’un seul coup des vagues, je comprends pas, peut-être un bateau ? Je ne saurais jamais mais pour le coup nous sommes remuer dans tous les sens, je vois beaucoup de têtes sorties de l’eau je ne suis pas la seule que ça déstabilise. J’essaye de m’appliquer sur ma nage, pour prendre appui sur la vague et moins la subir, ça marche du moins quand je me retrouve pas en sandwich entre 2 nageurs. Arrive le demi-tour, j’essaye de garder le plus possible la tête sous l’eau pour ne pas voir le bordel à la surface.
Je bois la tasse, c’est pas grave, ça arrive.
On repart pour une ligne droite, j’ai enfin de la place pour nager quel bonheur, je savoure je me sens vraiment bien.
Dernier virage, j’aime ce moment quand on voit l’arche au loin avec cette masse humaine et peu à peu on entend le speaker, les cris, on voit les silhouettes se dessiner et le fond de l’eau apparaître.

Je sors de l’eau en 38min 49, je gagne quasiment 4min par rapport à Nice ! Quelle joie de voir les progrès !
Transition 1
On enchaine avec la transition, grosse surprise la tente est PLEINE ! J’ai pas l’habitude de faire une aussi bonne natation, à Nice c’était facile j’étais toute seule pour accéder à mes sacs mais là c’est l’embouteillage. On est plusieurs femmes au même endroit, j’ai pas de place assise, je pose mes affaires n’importe où. Je sais pas quel choix faire, ils nous ont annoncé de la pluie mais je sais pas si je dois opter pour les manchettes ou la veste. J’opte pour les manchettes, mais impossible de l’enfiler, j’ai le bras encore mouillé et c’est comme enfilé un legging après la natation, c’est l’enfer ! J’insiste, je m’agace et finalement je vois les personnes autour de moi partir avec une veste. J’enlève la manchette déjà mise tant bien que mal, je remets ma veste, je perds l’autre manchette dans la bagarre (quand je vous disais qu’on était les unes sur les autres !)
Je cours jusqu’au parc vélo pour récupérer mon CUBE, je découvre avec surprise que les copines sont à la sortie pour m’encourager, ça me fait un bien fou !

Partie vélo : 90km – 1400m D+
On démarre dans la ville, impossible de doubler il y a beaucoup de virages mais ce n’est pas plus mal ça permet de s’échauffer. On commence pas du faux plat montant, on longe la mer, traverse des villes, je sens dès le début que je vais m’amuser les jambes répondent bien, les conditions sont idéales et les paysages sont superbes ! Pas de difficultés sur la 1ère bosse (même si j’assiste à 2 chutes ).
Je me fais vraiment plaisir dans la descente, l’avantage c’est que les difficultés sont annoncées par une dizaine de bidons qui sont au sol Je ralentis à chaque fois pas de prise de risque.

On arrive sur une portion très roulante, je me surprends à autant kiffer le plat, je suis sur mes prolongateurs ce vélo me sort de ma zone de confort, j’ai envie d’appuyer !
Je suis entourée d’hommes parfois équipés comme des pros avec leurs CLM, leurs casques aéros, pourtant je me sens à ma place et ce n’est pas souvent que ça m’arrive. On attaque la 2ème bosse la plus difficile, on se tire labourre avec quelques nanas, ça me challenge je me découvre un esprit compétition, je me fous dans le rouge mais ça me plait. Arrivée en haut c’est le soulagement, j’ai fait le plus dur et je réalise que je peux faire un chrono satisfaisant. Les 4 premiers km de descente sont compliqués, on m’avait prévenu donc je fais attention.
Après c’est que du bonheur, des virages comme j’aime, je l’ai ma récompense !
On enchaine sur la 3ème bosse je fais monter le cardio faut dire qu’il y a une Paula de 50ans qui me colle au cul, bon sang elle a une sacré pêche ! J’arrive en haut 70km, maintenant c’est que de la descente…

Enfin jusqu’à ce qu’on se prenne une patate sortie de nulle part alors que j’étais sur là plaque! Ça pique, mais ça passe.
Je réalise que : que ce soit en montée, en descente ou sur le plat j’ai eu envie d’appuyer et j’ai les jambes bien chargées… heureusement le passage en ville m’oblige à les tourner ! Je finis 3h28, presque 26km/h et je sens déjà que je vais le regretter !
Transition 2
Cette fois-ci je suis plus efficace, il y a beaucoup moins de monde donc pas d’embouteillage, je me change en 3min09.
Course à pied 21km
J’attaque ce semi-marathon, les jambes très lourdes, je me rassure « c’est normal les premiers km ça fait toujours ça » sauf que ça n’a pas duré que les premiers km ! Toutes mes sensations sont faussées, j’ai l’impression de me traîner alors que je démarre trop rapidement, je m’oblige à ralentir mais j’ai alors peur de tomber dans l’excès et d’être trop lente.
J’arrive pas à me caler et surtout je n’arrête pas de me faire doubler.
Je comprends pas ça m’agace, je me dis que c’est parce qu’ils doivent faire leur 2nde boucle, mais ils n’ont pas d’élastique, je m’en veux de pas avoir regardé le parcours. Les 5 premiers km passent quand même mais je me dis « bon sang ça va être long ! » Je prends le temps de bien m’hydrater et m’asperger aux ravito, j’ai très très chaud. J’attaque la partie la plus ennuyeuse, il n’y a personne au bout, je continue toujours de me faire doubler ! J’arrive sur le retour de la 1ère boucle, on prend un petit pont on passe sous un autre, les moindres difficultés deviennent très compliquées mentalement.

J’ai envie de m’arrêter et je m’en veux d’avoir un mental si fragile, à vélo j’essayais d’accélérer, de m’accrocher là j’accepte d’être doublée sans rechigner.
J’arrive enfin où je viens de commencer, je croise Edouard qui m’encourage et me félicite, ça me fait du bien même si ce que je veux vraiment comprendre c’est ce parcours. Il m’explique que c’est bien cette boucle là deux fois et qu’il n’y a pas d’élastique. Je comprends mieux pourquoi je me faisais autant doubler ! C’est une bonne nouvelle même si l’idée de refaire tout ce que je viens de faire me fout un gros coup au moral, j’y arriverai pas.
Je repars en essayant à chaque fois de me dire « allez c’est la dernière fois que tu passes la », j’essaye d’appréhender chaque difficulté ainsi.
L’avantage c’est que je suis enfin avec des gens de mon niveau. Je m’en veux d’avoir perdu ma gniak, mais j’essaye de garder un rythme même si j’ai mal partout et que les crampes me guettent! J’attaque les 5 derniers km, je n’arrive plus à tenir l’allure, tant pis, je me focalise sur le chrono global

Il me reste 2 km, j’ai mal aux jambes j’ai l’impression qu’au moindre faux mouvement je vais cramper. Je devrais reprendre un gel, mais j’y arrive pas, ça me dégoûte, j’ai envie d’arriver, mais ça me parait tellement loin. Je vois Edouard il me crie qu’il me reste moins d’1km que c’est le moment de tout donné. Qu’est-ce que c’est 1km quand on pense à tout ce que je viens de faire ? Beaucoup, c’est justement beaucoup après tout ce que je viens de faire. J’essaye d’accélérer, plus vite j’irais, plus vite ce sera fini alors on s’accroche. Je vois le chrono sur ma montre si je me débrouille bien je peux boucler ce semi en 1h57,
Allez Lorena secoue toi !
Je m’étais fixée une allure en tête, et quand on a un objectif et qu’on ne l’atteint pas le mental se barre. Pourtant ce ne sont que quelques minutes de trop, soyons honnêtes je n’aurais pas pu le faire descendre énormément ce chrono alors pourquoi ne pas kiffer ce que je suis en train de réaliser ? Je suis plus trop lucide et pourtant, et pourtant je réalise que même si dès le départ sur la course à pied j’ai souffert, j’ai continué, même si je n’ai pas arrêté de me faire doubler par les premiers, j’ai continué, même si j’ai vu mon allure ralentir, je ne me suis pas arrêtée, même si je n’ai pas fait ce que j’aurais aimé faire, j’ai gagné 4min par rapport à Nice en finissant ce semi-marathon en 1h57 et 12secondes et surtout même si ça n’a pas été facile j’aurais au moins atteint mon objectif : celui d’avoir tout donné !
Parce que c’est ça qui me plait dans le triathlon, on est rarement être satisfait dans les 3 disciplines, il y en a toujours une où on est frustré, pas satisfait parce qu’on a le sentiment qu’on aurait pu mieux faire. Là ce n’est pas le cas, je ne pouvais pas mieux faire, peut-être que si j’avais moins appuyée sur le vélo j’aurais peut-être moins subis mais j’aurais certainement franchis cette ligne d’arrivée frustrée.

Dimanche, je l’ai franchie comme je voulais, avec les larmes aux yeux, les jambes qui piquent et la même émotion que sur mon premier en 6h14 soit 30min de gagnées !
